ARTICLE II. De la Terre.
Si l'on suppose que dans cette atmosphère infinie d'atômes réduits en vapeur ou
en gaz, le fluide électrique a établi des trombes d'une très-vaste étendue,
comme on en voit de petites dans notre atmosphère, la matière aura reçu un
mouvement circulaire dans la même direction et aura formé le système planétaire.
Au centre de ce systême, il doit donc se trouver un foyer d'électricité, comme
il en existe dans les tourbillons. Ce foyer est le soleil ; car nous devons
reconnoître, avec de célèbres physiciens et plusieurs astronomes, que cet astre
est une masse énorme de feu électrique, qui a le même éclat et qui est peut-être
seule capable de produire tous les effets que nous voyons opérer à l'astre du
jour, tels que l'attraction et la répulsion. Cette rotation de toutes les
planètes dans un même sens et dans le même plan, autour d'un soleil, annonce
certainement qu'elle est le résultat d'une impulsion unique ; et si l'on veut
s'en tenir aux causes physiques, nous ne connoissons guère dans toute la nature
que le fluide électrique qui soit capable d'imprimer ce mouvement. Le principe
de l'attraction s'introduisant ainsi dans l'atmosphère des atômes qui composent
cette grande trombe planétaire, agréga ces atômes, les coagula pour ainsi dire
en masses qui dûrent nécessairement s'arrondir par le mouvement circulaire qui
leur fut imprimé. Ces globules se rencontrant en chemin, dûrent se réunir en
masses plus considérables, jusqu'à ce que leur éloignement et leur attraction
propre établirent un équilibre entr'eux.
Prenons la terre pour exemple. Ce fut d'abord un atôme qui, s'étant réuni aux
atômes circonvoisins, se grossit peu à peu en s'attachant toutes les molécules
qu'il approchoit dans sa route circulaire. La force de gravitation de ce globe
augmentant d'autant plus que, sa masse devenoit plus considérable, les atômes se
précipitoient depuis une hauteur déterminée, comme une pluie de poussière à sa
surface. Après avoir attiré à elle toutes les molécules de matières solides ou
les plus grossières, et en avoir balayé, épuré les cieux, la terre dut attirer
les vapeurs aqueuses à sa surface, et les condenser en eaux par leur propre
pesanteur ; ainsi seront formées les mers. Ensuite furent attirées les molécules
d'air qui forment autour du globe terrestre un océan atmosphérique.
ARTICLE II. De la Terre.
Si, nous détachant de la terre par la pensée, nous la considérons dans son
entier, nous verrons d'abord une enveloppe aérienne, d'autant plus dense qu'elle
est plus voisine du centre terrestre, puis une couche d'eau inégalement répandue
à sa surface, et qui en comble toutes les profondeurs ; enfin nous trouverons la
terre elle-même formée presque par-tout de couches superposées qui annoncent son
accroissement graduel, comme les couches de bois dans le tronc des arbres. Le
cœur du globe terrestre étant comprimé par toutes les couches supérieures, doit
être progressivement plus dense, comme les couches de la terre doivent être plus
poreuses successivement, à mesure qu'elles sont plus voisines de la surface. Car
supposons que la force de gravitation vint à s'affoiblir dans la terre, bientôt
l'atmosphère se dissiperoit dans les cieux ; les eaux, cessant d'être
comprimées, se ré- [répandroient]
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